100 €. C’est le montant moyen que dépense chaque mois en plus le salarié français pour ses trajets domicile-travail du fait de la hausse des prix des carburants depuis un an.
Le chiffrage, effectué par le média France Info, méritera d’être confirmé par d’autres sources. Mais, en pleine campagne électorale et sur fond d’envolée des prix du gaz, il s’invite dans les débats.
A tel point que les propositions commencent à fuser. Entre promesses de remise à la pompe et création de chèque carburant sur le modèle du chèque déjeuner, les décideurs politiques font assaut de bonnes intentions.
Las ! Reste à voir comment ces initiatives, très coûteuses tant sur le plan financier qu’environnemental, pourraient perdurer dans le temps si les prix des énergies fossiles ne se calment pas. Mais pour l’heure, elles ont le mérite de tenter de contenir la perte de pouvoir d’achat et la propagation de la hausse à l’ensemble de l’économie, déjà entamée à voir les niveaux d’inflation qui flambent partout dans le monde.
En attendant, le chiffrage effectué par France Info a, lui, un autre mérite : celui de mettre en visibilité la grande inégalité qui existe entre les urbains et les péri-urbains. Inégalité d’accès aux transports en commun notamment, certes compensée par le fait que le prix du mètre carré, à l’achat comme à la location, intégrant cette donnée, se trouve moins élevé que dans les centres-villes. Il n’empêche qu’habiter la banlieue éloignée des villes (30 km en région, 60 km à Paris nous dit le chiffrage) entraîne un coût supplémentaire conséquent en temps comme en argent pour les salariés et en impact environnemental pour la nature.
Voilà qui plaide encore un peu plus pour le télétravail, pour celles et ceux qui peuvent y prétendre toutefois, créant, au passage, une nouvelle inégalité. Et qui plaiderait aussi pour le véhicule électrique, même si le piètre état de notre parc nucléaire et le bilan carbone exact sur tout le cycle de vie d’un véhicule de ce type mériteraient des chiffrages plus précis…
En l’état, si l’on se projette sur le moyen et le long terme, c’est plutôt pour un soutien plus massif à l’achat de ces véhicules, combiné au déploiement plus rapide du réseau des bornes de recharge, qu’il faudrait opter. Bref, accélérer une transition déjà à l’œuvre de manière un peu poussive. C’est le propre des crises que de donner des coups d’accélérateurs à certaines tendances…
Autre tendance qui devrait connaître un coup de projecteur, et qui concerne directement les directions de l’immobilier et de l’environnement de travail, celle de l’efficacité énergétique des bâtiments. A peine le décret tertiaire est-il – enfin – sorti, qu’il y a fort à parier que ses objectifs devront être revus à l’aune du renchérissement des coûts des énergies fossiles. A tout le moins, les données du calcul du retour sur investissement se trouvent modifiées.
Le problème, comme souvent en ce domaine, c’est que le temps de l’immobilier n’est pas celui des entreprises, qui doivent réagir vite, et encore moins celui des crises qui se succèdent désormais à un rythme effréné. L’immobilier, c’est du temps et de l’argent, et décider d’investir aujourd’hui en construction ou en rénovation d’immeubles d’activité requiert une sacrée bonne connaissance du marché et, reconnaissons-le, une sacrée prise de risque !
Les pouvoirs publics peuvent évidemment aider les acteurs économiques dès lors que ces choix vont dans le sens de l’intérêt collectif, et c’est évidemment le cas sur les sujets que je viens d’évoquer : télétravail, transition vers les véhicules électriques et bâtiments bas carbone.
Ces années 2020 marquent le virage vers une société qui s’écrit en accéléré sous nos yeux sous l’effet des crises successives que nous traversons : climatique depuis déjà trop longtemps, énergétique, sanitaire, géopolitique…
Dommage qu’il n’y ait pas d’élections prochainement, nous avions tous les ingrédients pour donner lieu à un débat de société de bon niveau. Ah si, il y a des élections ? Ah bon… ça n’a pas dû « imprimer », comme ils disent…
Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle semaine électorale !
Lionel Cottin
Directeur de la rédactionRépo
