Retour au bureau : de nouveaux écueils apparaissent

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Le consortium de recherche Future Forum Pulse a mené fin 2021 une enquête sur plus de 10.700 dirigeants et employés tertiaires dans 6 pays (USA, Australie, France, Allemagne, Japon et Royaume-Uni) sur le sujet du retour au bureau. Les résultats, publiés en janvier dernier (1), laissent apparaître des tendances peu documentées dans les études parues sur le sujet jusqu’à présent. Notamment, l’écart de vision et d’attentes vis-à-vis de la présence au bureau entre les dirigeants et managers et leurs équipes, ainsi qu’un manque d’inclusion.

Selon ce rapport, les employeurs qui travaillaient à distance étaient ainsi trois fois plus désireux de retourner au bureau que les employés.

De manière générale, les employeurs sont ravis de retourner au bureau, pas les employés. Selon le rapport, 78 % des collaborateurs veulent de la flexibilité quant à leur lieu de travail et 95 % souhaitent de la flexibilité quant à leur organisation de travail.

Actuellement, les managers préfèrent passer la plupart de leur temps au bureau. Brian Elliot, le vice-président du consortium Future Forum, déclare que « tandis que les cadres frappent à la porte pour retourner dans leurs bureaux, les employés non cadres exigent de la flexibilité quant au lieu et au moment où ils travaillent. Les entreprises doivent faire davantage pour combler cet écart afin d’attirer et de retenir les meilleurs talents. »

Ainsi, avec le « grand retour », le risque de voir se profiler la « grande division » est bien réel.

Autre enseignement de l’étude, en termes de critères relatifs à leur expérience employé, les travailleurs à distance donnent systématiquement les scores les plus élevés à tous les items, y compris au sentiment d’appartenance ou à l’accès aux outils professionnels, ce qui est une surprise et signifie que travailler à distance est une meilleure expérience pour les travailleurs, en général, que le travail en présentiel. Ce qui donne à réfléchir…

A noter que, le consortium de recherche étant américain, il s’est intéressé aux genres et aux minorités et a constaté que les femmes, comme les personnes de couleur ou issues de l’immigration, exprimaient des attentes plus fortes que les hommes vis-à-vis du travail à distance. Les écarts se situent entre 5 et 17 points entre les différents groupes.

Le rapport relève que ces résultats sont cohérents avec le fait que les salariés issus de minorités signalent généralement des taux plus élevés de micro-agressions et de cas de harcèlement au travail lorsqu’ils travaillent au bureau, par opposition au travail à distance.

Un phénomène qui, là encore, interroge grandement nos consciences…

Si le modèle hybride est largement plébiscité et attendu par les salariés de bureau des pays étudiés (68% d’approbation), il suscite cependant des inquiétudes chez les managers : 41% des managers citent le potentiel développement d’inégalités entre les employés à distance et au bureau comme préoccupation numéro un pour eux (contre 33 % au trimestre précédent).

(1) Rapport Future Forum Pulse (Janvier 2022) : https://futureforum.com/wp-content/uploads/2022/01/Future-Forum-Pulse-Report-January-2022.pdf