EDITO : Loin des yeux… mais près de son ordinateur ! Le travail distant booste l’inclusion mais floute les temps de vie

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En pleine polémique sur le télétravail des fonctionnaires outre-Atlantique, accusé par certains élus Républicains de diminuer la productivité des agents fédéraux, le ministère du travail américain vient de dévoiler des données relatives aux horaires quotidiens de travail. Les résultats montrent que les salariés du secteur des services, les travailleurs à faible revenu et les employés sans diplôme accumulent tous plus d’heures de travail à domicile qu’avant la pandémie. Cette tendance est observée dans divers secteurs, notamment les soins de santé, le service client, la saisie de données et le support technique.

Le nombre moyen d’heures que les employés passent à travailler depuis leur domicile a ainsi augmenté de 42 minutes en moyenne par jour chez les diplômés du secondaire sans diplôme universitaire depuis 2021. Un chiffre qui culmine à 1h19 parmi les 25 % des salariés les moins bien rémunérés. La preuve que le travail hybride n’est pas qu’une affaire de dirigeants et de managers qui eux, au contraire, voient leur temps de travail à distance diminuer en moyenne par rapport à 2021.

Cela prouve aussi que le marché du travail intègre une plus grande diversité dans les tâches pouvant être exercées à distance, conduisant à un environnement de travail plus inclusif et flexible. Le ministère de travail américain imagine même que le travail à distance pourrait réduire les inégalités de revenus en offrant plus d’opportunités aux employés sans diplôme universitaire. Cependant, les données montrent aussi que ces employés sont susceptibles de travailler plus longtemps en moyenne qu’avant l’adoption généralisée du travail à distance.

Quoi qu’il en soit, ces tendances pourraient influencer les futurs besoins de formation des entreprises, en mettant davantage l’accent sur la culture numérique et les compétences nécessaires au travail à distance et à la gestion de son temps.

Au moment même où les données du ministère du travail américain étaient publiées, une autre étude américaine, publiée par le cabinet Ceridian, nous apprenait que si 94% des répondants voyaient d’un bon œil la possibilité de couper pendant les congés, seuls 47% disaient qu’ils allaient totalement déconnecter d’avec leur travail. En France, plus de la moitié des salariés (52 %) se tiendront disponibles, durant leurs vacances, pour répondre aux éventuelles questions de leurs managers et collègues, nous apprend un baromètre réalisé par Ipsos pour RingCentral, un fournisseur mondial de solutions de communication. Et 38 % emporteront avec eux – « au cas où » – leur ordinateur. Presque un tiers (28 %) vont plus loin et prévoient de continuer à travailler depuis leur lieu de villégiature, ce qu’interdit le Code du travail. Parmi eux, 42 % (et 57 % des dirigeants) consulteront leurs e-mails et messages instantanés.

Ces résultats montrent que, même avec le changement culturel en faveur du travail à distance suite à la pandémie, la frontière entre travail et temps de pause est devenue plus floue.

Même si ces évolutions semblent irréversibles, les entreprises doivent cependant veiller à ce que ce floutage entre temps de vies privée et professionnelle ne devienne pas un trop gros caillou dans la chaussure. Certaines entreprises ont déjà modifié leur approche en mettant davantage l’accent sur l’équilibre travail et vie personnelle, et le bien-être des employés. Certains employeurs mettent en œuvre des politiques de congés plus flexibles et recueillent des données en retour pour en évaluer l’efficacité. En attendant la fameuse semaine de 4 jours…

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une excellente semaine et un très bon début d’été !

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction