[EDITO] Le télétravail, facteur de sobriété énergétique ?

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Attention, FBI (fausse bonne idée) ! Emporté par l’élan de la pandémie, le Gouvernement a-t-il prôné le recours au télétravail comme facteur de sobriété énergétique un peu trop vite ? On pourrait penser que non au vu de la récente étude de l’Ademe, qui s’est penchée sur la question et qui conclut que le recours au télétravail permettrait une économie d’énergie de 19 % pour les entreprises. Petit hic : ce chiffre n’est valable qu’à condition que tous les employés travaillent à distance (ou soient en congés ou en RTT) le même jour. Une situation déjà pas simple à organiser. Sans compter les quelques effets secondaires…

Parce qu’évidemment, qui dit télétravail, dit chauffage et éclairage supplémentaires chez soi ! Une situation dénoncée par les organisations syndicales qui y voient un alourdissement de la facture pour les salariés au bénéfice de l’entreprise.

Pour faire bonne mesure, le Gouvernement a annoncé une augmentation de 15% de la prime télétravail pour les agents de la fonction publique. Car au coût de l’énergie s’ajouterait une hausse de consommation pour les télétravailleurs. Les statistiques tirées du premier confinement, de mars à mai 2020, sont, à ce titre, très parlantes. Toutes les émissions de CO2 ont chuté, dans tous les secteurs confondus, sauf dans le logement, où l’on a observé une augmentation de près de 30 %. Une partie donc du gain trouvé dans les entreprises sera grignotée chez les particuliers. Un cercle moyennement vertueux puisque certains de ces salariés, qui se trouvaient dans des immeubles efficients (chauffés à 19°, bien isolés…), vont se retrouver dans des logements possiblement chauffés au-dessus des 19° et moins bien isolés…

Autre effet secondaire du télétravail, les départs en week-end plus fréquents qui gonflent les consommations, de même que l’utilisation de la visioconférence. Des hausses en partie compensées par la réduction des trajets domicile-travail, un jour de télétravail entraînant une réduction de 69 % du volume des déplacements par rapport à un jour au bureau, selon l’Ademe. On le voit, le sujet est extrêmement complexe tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux, interconnectés et ne jouant pas tous sur les mêmes types de consommations énergétiques par-dessus le marché !

En attendant d’avoir des évaluations plus précises sur ce sujet, les DET et DI avancent en cœur sur à peu près les mêmes mesures : les consignes de températures qui vont partout baisser de quelques degrés (en moyenne de 2°, par étape ou brutalement, selon la stratégie choisie), l’arrêt de l’eau chaude sanitaire (hormis les douches), l’extinction des enseignes lumineuses et, c’est sûrement le fait le plus remarquable, la fermeture d’une partie des sites, souvent le vendredi, pour regrouper les présents sur des surfaces réduites. Cela suppose de passer ces espaces en « flexoffice » s’ils ne l’étaient pas déjà et de pouvoir couper le courant sur les étages non occupés, ce que tous les immeubles ne sont pas en mesure de proposer. Mais enfin, beaucoup de DI/DET me disent que ces mesures vont être appliquées et rapidement, souvent à effet début novembre.

Après la pandémie, voilà la sobriété énergétique à l’œuvre pour pousser encore un peu plus loin le modèle de travail hybride et les espaces flexibles. Qui eût cru que nous en serions là il y trois ans à la même époque ?

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle et sobre semaine et vous donne rendez-vous très vite pour sa table-ronde consacrée… au travail hybride et à la façon d’accompagner la transition (lien ci-dessous pour recevoir le replay).

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction

Lien pour recevoir le replay de la table-ronde « Travail hybride : comment accompagner la transition ? » : Microsoft Forms