En signant des croissances fulgurantes de leur marché un peu partout dans le monde, les opérateurs d’espaces dits de « coworking » tiennent leur revanche. Après une période de croissance débridée, la quasi-faillite de WeWork et la pandémie de Covid-19 avaient donné un coup de frein brutal au marché et instillé de sérieux doutes dans bon nombre d’esprits. Les entreprises allaient-elles continuer à faire confiance à des opérateurs pouvant disparaître du jour au lendemain ? Les clients allaient-ils vouloir continuer à fréquenter des lieux très animés, où la proximité et les échanges sont au cœur du concept ? Les salariés auraient-ils envie de revenir au bureau, même dans un tiers-lieux, à l’heure du développement du travail hybride ?
La réponse est clairement oui ! Porté par la recherche accrue de flexibilité de la part des entreprises et l’attrait toujours aussi fort de ces espaces auprès de la jeune génération, le marché n’aura pas tardé à reprendre des couleurs, tout en mutant d’un concept de poste de travail à louer à celui, plus large, d’espaces de travail opérés.
Aux Etats-Unis, les dépenses fléchées vers WeWork ont augmenté de 90,7% en 2022, l’entreprise se classant au deuxième rang des fournisseurs en matière d’environnement de travail, derrière le Microsoft Store. Quelle revanche, là encore, pour celui qui défrayait la chronique en annonçant des pertes stratosphériques il y quelques années seulement !
En France, le marché a connu une progression de plus de 20% en 2022 selon Cushman&Wakefield. Les cinq principaux réseaux ont même bénéficié d’une prime avec une hausse de 27% de leur activité !
Le « momentum » est donc bel et bien là, comme on dit. Et il ne devrait pas disparaître en 2023 : dans un récent sondage auprès de chefs d’entreprise, le Softbank Vision Fund nous apprend que 70% d’entre eux disent qu’ils auront adopté le mode d’organisation hybride d’ici la fin de l’année. Un puissant soutien à la recherche de flexibilité.
La difficulté d’attirer de nouveaux collaborateurs et de fidéliser les existants constitue un autre soutien puissant à la croissance du marché. En proposant des espaces bien conçus, pratiques d’accès et qui offrent une expérience plus riche et agréable que dans bon nombre de bureaux classiques, les opérateurs d’espaces de travail flexibles ont compris l’importance de créer des espaces de vie autant que de travail. A l’heure où la majorité des futurs salariés indiquent que l’environnement de travail est un facteur de choix entre différentes offres d’emploi, être en mesure d’offrir une grande liberté, de beaux espaces et une expérience conviviale est clairement un atout.
Reste que les promesses du travail hybride en matière de demande pour de petits tiers-lieux de proximité ne se sont pas encore réalisées. Les Français sont moins friands de ce type d’espaces que leurs voisins britanniques ou nordiques pour le moment. Peut-être sera-ce la prochaine revanche pour nos opérateurs d’espaces flexibles qui peuvent, à juste titre, se sentir pousser des ailes !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction
