Dans un raccourci trop rapide, Stanislas Guérini, le ministre chargé de la fonction publique, avait imaginé il y a quelques semaines que, dans le cadre du plan de sobriété de l’Etat, qui doit être dévoilé début octobre, le recours accru au télétravail serait une piste à explorer pour faire des économies d’énergie.
Le retour sur Terre a été rude, les syndicats accusant d’une part le ministre de vouloir faire porter la hausse des coûts de l’énergie sur les agents, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux affirmant, d’autre part, ne pas croire que le télétravail choisi permette d’économiser de l’énergie. Et, en effet, en cas de télétravail choisi, certains restent chez eux et consomment donc de l’énergie, tandis que d’autres se rendent au bureau, ce qui oblige, évidemment, à consommer également dans les bâtiments. Il est donc tout à fait possible que le télétravail, non seulement ne permette pas de faire des économies d’énergie, mais qu’il augmente la consommation totale !
Se rendant compte du problème, Stanislas Guérini a effectué un rétropédalage en règle en enterrant le « plan de télétravail national » envisagé, même s’il continue à vouloir mettre la question de l’organisation du travail dans la fonction publique sur la table à cette occasion, ce qui soulève quelques interrogations sur l’aspect possiblement « fourre-tout » du futur plan de sobriété de l’Etat…
Ce qui apparaît clairement à travers cette séquence, c’est l’apparente simplicité d’un sujet qui a été soigneusement emballé dans un joli mot bien marketé et dans l’air du temps : la sobriété. Car une fois que l’on ouvre l’emballage, rien n’est plus simple puisque chaque sujet va venir se frotter à nos habitudes et qu’il n’y a rien de plus difficile que de changer d’habitudes ! C’est le fameux « principe de réalité ».
Un bel exemple en sera donné lorsqu’il va s’agir de faire effectivement appliquer, dans les bureaux, la fameuse règle des 19 degrés en hiver. Chaque directeur de l’immobilier et de l’environnement de travail sait de quoi je parle ! Chacun sait qu’il est tout simplement impossible de travailler sans bouger dans un environnement chauffé à 19 degrés. C’est l’assurance de voir exploser les absences pour maladie et les jours de télétravail. Déjà qu’il était compliqué, dans beaucoup d’entreprises, de faire revenir les collaborateurs sur site, alors là, vous imaginez…
Faut-il pour autant abandonner tout effort de sobriété ? Certainement pas ! Il faut juste bien y réfléchir, concerter, expliquer et accompagner. Tout est question de pragmatisme et d’effort raisonnable et partagé. LVMH vient ainsi de dévoiler son plan de sobriété qui fixe un effort de -1 degré dans les bureaux et boutiques en hiver et +1 en été… par rapport à ce qui était pratiqué jusqu’alors ! Tout le monde aura noté qu’il n’est fait aucune référence aux 19° l’hiver, ni aux 26° l’été…
Par contre, un vaste plan d’accompagnement des collaborateurs au changement de leurs habitudes (éteindre, débrancher, choisir des alternatives, mieux piloter sa consommation résidentielle…) a été annoncé et c’est très possiblement l’action qui aboutira aux gains les plus spectaculaires. Le défi sera de les pérenniser dans le temps, les (mauvaises) habitudes revenant très vite…
Parallèlement, LVMH annonce un renforcement de ses investissements pour achever la transition énergétique du groupe, qui concerneront autant le management énergétique (capteurs, compteurs, pilotage énergétique) que les énergies renouvelables partout dans le monde. Nul doute que cette accélération bienvenue (et qui paraissait inévitable depuis l’explosion des prix de l’énergie) sera suivie par d’autres entreprises et c’est, pour le coup, une conséquence heureuse de la crise que nous traversons.
Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une excellente (et sobre) semaine et vous donne rendez-vous demain matin pour parler des leviers d’optimisation de son poste immobilier. Nous vous espérons nombreux devant votre écran, en direct, dès 9h30 !
Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell
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