EDITO : Après le « quiet quitting », voici le « quiet hiring » !

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Les anglo-saxons sont les champions pour mettre des mots simples sur des concepts compliqués. Nous connaissions le « quiet quitting » ou « démission silencieuse », le fait de se désengager progressivement de son travail et de son entreprise en faisant le strict minimum de ce qui est attendu. Voici désormais le « quiet hiring » ou « embauche discrète ». Il consiste, pour les entreprises, à combler les lacunes en matière de compétences en formant des collaborateurs qui font déjà partie de leurs effectifs. Ni plus ni moins que du recrutement interne, en somme.

Le recrutement en interne est de fait un outil intéressant en période de pénurie de talents. Il permet notamment d’accélérer le processus d’intégration et répond également à la quête de sens et d’épanouissement au travail qui conduit les employés à de moins en moins s’en tenir à un parcours professionnel linéaire. Aujourd’hui, selon une étude de l’institut américain Gartner, plus d’un candidat sur deux déclarent postuler pour des emplois en dehors de leur domaine d’expertise actuel. Lorsque les entreprises procèdent à ces « embauches discrètes », elles offrent des possibilités d’évolution de carrière supplémentaires, ce qui augmente la satisfaction et la fidélisation de leurs collaborateurs. Selon un autre rapport récent (1), 70 % des employés déclarent qu’ils sont plus susceptibles de rester dans une organisation qui offre une formation et un apprentissage continus.

Pour que cette approche fonctionne, il faut cependant lever quelques obstacles. Tout d’abord celui de la crainte de désorganiser une équipe et une organisation qui fonctionnent. Celui également des moyens nécessaires pour évaluer et compléter les compétences des collaborateurs. Cela nécessite du temps, de l’argent et des outils. Celui enfin de la transparence de l’information sur les postes à pourvoir. Selon une étude menée par Cornerstone People Research Lab et Lighthouse Research & Advisory sur la mobilité des talents dans la région EMEA, 73 % des collaborateurs souhaitent être informés des possibilités d’évolution au sein de leur entreprise.

Les entreprises, on le voit, doivent être ouvertes à l’idée d’autoriser les évolutions internes et adhérer au principe du « quiet hiring » afin de fournir aux employés les outils nécessaires pour prendre des orientations de carrière qui les motivent tout en répondant aux besoins de leur employeur. Si les salariés estiment qu’ils n’ont pas la possibilité d’évoluer et qu’ils ne voient pas d’avenir dans leur entreprise, beaucoup partiront ou se désengageront progressivement. La solution consiste donc à trouver un moyen de créer davantage d’opportunités de mobilité interne d’une manière transparente et systémique, tout en minimisant les perturbations. Bienvenue dans le « new normal » !

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une excellente semaine !

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction

(1) « Ready, Set, Grow : The Building Blocks for High-Impact Talent Mobility »