[EDITO] Engagement des collaborateurs : la France en état d’urgence !

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Nous le savions. Toutes les études pointaient du doigt le faible taux d’engagement des collaborateurs dans notre pays. La dernière étude menée par l’institut Gallup (1) n’en constitue pas moins un choc !

Menée sur des cohortes de 1000 à 2000 personnes dans quasiment tous les pays du monde, l’étude nous apprend que le taux d’engagement des salariés, qui avait pris 10 points entre 2009 et 2019, se stabilise depuis à un niveau assez bas : 21% seulement des collaborateurs se disent engagés dans leur travail en moyenne dans le monde. Les Nord-Américains étant les plus engagés (33%), les Européens, les plus désengagés (seulement 14% de taux d’engagement, en recul de 5 points en un an). Et un quasi record pour la France avec un tout petit 6% de salariés se disant engagés au travail. Seule l’Italie (4%) fait pire dans le monde…

Le constat est terrible : 94% de nos compatriotes sont, au mieux, indifférents, au pire, activement désengagés dans leur entreprise. Avec un tel score, on comprend pourquoi certaines entreprises peinent tant à faire revenir leurs collaborateurs au bureau, malgré les beaux espaces, les toits terrasses et les animations à foison…

L’étude met également en évidence un paradoxe : si les Nord-Américains sont les plus engagés, ce sont aussi ceux qui sont les plus enclins à changer de « job » : 59% des Américains pensent que c’est le bon moment pour trouver un nouveau travail, confirmant le phénomène de « Great Resignation » (Grande Démission) en cours aux Etats-Unis. Ils sont 45% en moyenne dans le monde et 33% en France.

Engagement et fidélisation, on le voit, ne fonctionnent pas toujours ensemble. Si les salariés américains sont plutôt engagés, ils sont également très infidèles. Les salariés français sont, quant à eux, majoritairement dans une posture d’attente, sans enthousiasme vis-à-vis de leur travail et de leur entreprise, mais plutôt fidèles. Est-ce par crainte, par habitude, par perte de sens, manque de valorisation ou simplement parce que le travail n’est plus considéré comme une source de satisfaction depuis longtemps ? Sans doute un peu de tout cela…

Pendant ce temps-là, le stress, quant à lui, atteint son plus haut niveau historique dans le monde : 44% des salariés se disent stressés. Ils n’étaient « que » 31% en 2009. Un chiffre en hausse de 6 points en deux ans seulement, conséquence sans doute de la période de pandémie traversée depuis 2019.

Cette situation peu engageante que nous tracent les résultats de l’étude de l’institut Gallup devraient inciter tous les acteurs participant à l’organisation du travail et des lieux du travail à se remettre en question pour proposer une autre façon de faire ensemble.

Julia de Funès et Luc Ferry, qui étaient les invités du dernier Gala des Directeurs de l’Immobilier et de l’Environnement de Travail, ont beaucoup insisté sur une quête de sens accrue dans le travail et une attente majeure en termes d’équilibre de vie et de bien-être.

Une évolution historique que Luc Ferry explique par la perte d’influence des grandes transcendances qui justifiaient un sacrifice de son bonheur immédiat par l’espoir d’un bonheur différé après la mort. Julia de Funès expliquait par ailleurs que la pandémie avait poussé nombre de personnes à se demander à quoi servait leur travail mais qu’avant cela, déjà, la technicisation des emplois et leurs intitulés vides de sens, tel que le « coordinateur de flux transverses », nous avaient déjà éloignés de la finalité du travail produit. Un souhait de retrouver le sens de son labeur quotidien que le dernier sondage de l’Anact, réalisé par Opinion Way (2), confirme : 4 salariés français sur 10 envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans dans la perspective d’un poste qui aurait plus de sens…

Se sentir utile et en cohérence avec ses valeurs, se développer personnellement, être autonome et écouté, bénéficier de meilleures conditions de travail… Les ingrédients sont connus, et ils doivent être tous réunis pour produire motivation et engagement.

L’étape suivante pourrait être de réfléchir à créer une « expérience totale », telle que l’institut Gartner la qualifie et qui unifie les expériences client, utilisateur et employé. Une belle perspective pour les fonctions transverses de l’entreprise !

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle semaine engagée !

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell

(1) Etude institut Gallup : « State of the Global Workforce », Juin 2022

(2) Sondage Anact/Opinion Way : « Les actifs et le sens au travail », Juin 2022