[EDITO] Immobilier : urgence à tous les étages !

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Même si j’entends souvent que le temps de l’immobilier, plus long, n’est pas celui de l’entreprise, soumise à une exigence d’agilité et de transformation rapide, il n’y avait aucune raison pour que les crises qui sévissent dans le milieu économique épargnent la sphère immobilière.

La désorganisation des chaînes d’approvisionnement, issue de la période pandémique, doublée de la hausse des coûts des matières premières, conséquence de la reprise économique et accentuée par la guerre en Ukraine, finissent par affecter lourdement la filière, comme le démontre la dernière note de conjoncture du Credoc, commandée par l’Ordre des architectes (1). L’acier a flambé de 80% en 2 ans, les demi-produits en aluminium ont pris 60%, le bois 40%, après une pointe à +65% fin 2021…

Conséquences : près de 7 chantiers sur 10 sont affectés par des retards à cause de pénuries de matériaux, 8 sur 10 voient leurs coûts s’envoler par rapport aux évaluations initiales et 60% des projets sont revus à la baisse par les donneurs d’ordre…

Rien de bien nouveau, me direz-vous, les retards et les dépassements de budget n’étant pas des exceptions dans la filière… Certes, mais tout de même ! Le phénomène devient tellement contraignant que les architectes ont décidé de tirer la sonnette d’alarme, les relations avec la maîtrise d’ouvrage devenant de plus en plus tendues.

Le risque, évidemment, est que nous entrions dans une période de pénurie et de flambée des coûts bien plus longue que prévue. Le rebond économique consécutif à la période épidémique comme la désorganisation des chaînes d’approvisionnement étaient vus comme des phénomènes conjoncturels. La hausse des cours des matériaux aussi. Or la guerre en Ukraine, les rebonds sans fin de l’épidémie en Chine et l’inflation qui commence à contaminer toute l’économie, enkystent ces pénuries et hausses de coûts malvenues et les acteurs de la filière doivent maintenant trouver des solutions.

Des solutions qui devront par ailleurs tenir compte d’une autre urgence, l’urgence climatique !

Une autre alarme a en effet été tirée par le Giec récemment. Une de plus me direz-vous. Certes, mais celle-ci fait frémir encore plus que les précédentes. C’est peu dire… Nous n’avons plus que quelques années avant de rater définitivement la cible d’une augmentation « supportable » de +1,5° des températures moyennes à la surface du globe. Après cela, c’en sera fini de l’espoir de conserver une planète à peu près habitable pour les générations futures et nous plongerons dans l’inconnu et, potentiellement, dans une ère de catastrophes dont nous n’imaginons même pas l’ampleur…

Pour parvenir à cet objectif de +1,5° d’ici 2030, pas d’autre choix que de relever de 50% nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un défi phénoménal quand on sait que nous n’avons tenu, collectivement, aucun des objectifs précédents…

La filière immobilier/environnement de travail, déjà en plein travail suite au décret tertiaire, va devoir mettre les bouchées double et trouver, plus vite que prévu, à la fois de nouveaux moyens et de nouvelles solutions pour décarboner son empreinte.

A ce sujet, la dernière étude menée par l’OID (Observatoire de l’immobilier durable) et l’Ademe sur « Les enjeux de l’adaptation au changement climatique du secteur immobilier dans les scénarios Transition(s) 2050 » apporte autant d’inquiétude que d’espoir (2).

Cette étude explore l’exposition à quatre aléas climatiques (vague de chaleur/îlot de chaleur urbain, sécheresse/retrait-gonflement des argiles, inondation et submersion marine) du parc immobilier en France métropolitaine dans les scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME.

Ces scénarios prévoient une accentuation des risques d’ici à 2050, en surface de bâtiments impactés, mais aussi en intensité. Heureusement, l’étude nous indique aussi qu’il existe déjà un panel de solution d’adaptation pour atténuer la vulnérabilité du bâtiment au changement climatique, notamment des solutions fondées sur la nature. Ces solutions sont incontournables pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et doivent être mises en œuvre maintenant.

Chers ami(e)s directeurs de l’immobilier et de l’environnement de travail, nous comptons tous sur vous !

Toute l’équipe d’ANews WorkWell vous souhaite une belle semaine… en mode pompier !

Lionel Cottin
Directeur de la rédaction d’ANews WorkWell

(1) Lien vers la note de conjoncture CREDOC : https://www.architectes.org/sites/default/files/atoms/files/note_de_conjoncture_crise_des_materiaux_pour_le_cnoa_07042022.pdf

(2) Lien vers l’étude OID/Ademe : https://resources.taloen.fr/resources/documents/1333_OID-ADEME-2022-A4-OK3.pdf

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