[EDITO] « Le nationalisme, c’est la guerre ! ». F. Mitterrand. 19/01/95

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La guerre, une fois de plus, une fois de trop, frappe à notre porte.

Il est inutile de disserter sans fin sur ses causes. Comme pour toute guerre, ses origines sont multifactorielles, tenant tout autant à notre nature profonde qu’à l’histoire, ancienne comme récente, et à des hommes et des femmes qui par leur action, ou leur inaction, entraînent des millions de personnes dans l’abîme. Si des êtres nous observent d’en haut, ils ont toutes les raisons de désespérer de cette espèce belliqueuse et, à l’inverse de bons nombres de films, de décider de ne pas nous sauver à la fin.

Après des décennies de calme relatif sur notre continent, à l’exception notable des conséquences de l’explosion de l’ex-Yougoslavie, voilà le retour d’un rideau de fer d’un nouveau genre, en direct et en couleur sur tous nos écrans connectés. « Le nationalisme, c’est la guerre ! » disait François Mitterrand le 19 janvier 1995 lors de son discours d’adieu au Parlement européen. Vingt-sept ans plus tard, quasi jour pour jour, son assertion prémonitoire se vérifie, une fois encore, une fois de trop.

Et entre temps, que s’est-il passé ? Le réveil des nationalismes. Partout. En Russie, en Chine, en Hongrie, en Turquie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis… Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le nationalisme ne peut que finir de cette manière. Au Capitol, à Hong-Kong, en Ukraine, peut-être demain à Taïwan, à la fin, il n’y a, et il n’y aura toujours, que morts et tragédies.

Après le terrorisme et la pandémie, l’économie mondiale doit donc se préparer à un troisième choc exogène en l’espace de moins de dix ans. Une déflagration dont nous avons encore du mal à percevoir les conséquences sur notre vie quotidienne. Un choc qui, comme souvent, pourrait accélérer certaines tendances déjà présentes.

La plus évidente est bien sûr celle de la transition énergétique qui pourrait se trouver accélérée du fait du renchérissement des prix des énergies fossiles. Avec tout de même une sacrée inconnue représentée par notre capacité à trouver des alternatives rapidement à ces énergies émettrices de gaz à effet de serre. Un défi dont nous pressentons qu’il nécessitera à la fois du temps et des moyens considérables. Et nous ne disposons ni de l’un, ni des autres. Donc, l’énergie bon marché, c’est fini, et le temps des restrictions est devant nous !

Pour les directeurs de l’environnement de travail et de l’immobilier, les conséquences ne seront pas neutres. Cela va reposer par exemple le sujet des déplacements domicile-travail de manière bien plus forte et rapide qu’anticipée et donc, potentiellement, celle du niveau de télétravail. De même, l’efficacité énergétique des bâtiments, leur trajectoire bas carbone, pourraient être sujettes à un nouveau coup d’accélérateur. Enfin, le renchérissement de certains matériaux et denrées de base, associé à celui de leur transport, pourraient faire flamber les coûts des repas et de certains achats et équipements tels que le mobilier, les fournitures ou les installations techniques.

Entre innovation, restriction et réorientation, les professionnels de l’environnement de travail et de l’immobilier vont devoir plus que jamais faire preuve d’imagination, de réactivité et de pédagogie.

Mais aujourd’hui toutes nos pensées vont à ces hommes, ces femmes, ces enfants, pris dans la tourmente de la folie destructrice du nationalisme. Aujourd’hui, nous saluons celles et ceux qui se lèvent avec courage contre la guerre et l’oppression, en Ukraine, mais aussi en Russie. Aujourd’hui, nous sommes tous un peu Ukrainien.

Lionel Cottin
Directeur de la Rédaction d’ANews WorkWell

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